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Albert Cachera, ex-président de club de surf


Ce véritable remake des Dents de la mer auquel nous assistons, impuissants, et qui nous maintient tous dans le suspense médiatique, hélas, n'a pas fini de nous faire frémir. Il faut faire quelque chose. Vite! Agir... Oui. Mais pas n'importe comment. Albert Cachera, président fondateur du tout premier club de surf sur notre île, et président d'honneur du Club des Roches Noires, vient de réaliser un sondage d'opinion sur cette actuelle recrudescence de requins et ses conséquences sur notre littoral marin. Explications.
Parlez-nous de cette étude que vous avez menée récemment…
Le but recherché a été de conduire une réflexion objective et constructive, éloignée des réactions émotives et autres considérations partisanes.
Ne pas céder à la panique, ni à la psychose. Ne pas s'emballer... Garder son calme... Urgence! Réfléchissons...
Et soyons méthodique... Si les surfeurs de la zone Ouest ont été les plus meurtris, l'ensemble des sports nautiques et leurs adeptes du littoral réunionnais dans sa totalité sont concernés!
Auprès de qui avez-vous donc conduit votre sondage?
Auprès des acteurs de la société civile de la zone Ouest, responsables de la promotion économique du littoral et des sports nautiques.
Qui sont-ils?
Il s'agit des pêcheurs, des acteurs de la vie économique, des écoles de surf et ateliers, des personnels de sécurisation de l'espace marin (vigie, maîtres-nageurs), de la ligue de surf (discipline sportive), des écoles de plongée, des plongeurs sous-marins et apnéistes...
Quelle est votre analyse de la situation?
Elle est très simple et se résume comme suit: «La recrudescence de requins nbouledogues sur notre littoral induit un déséquilibre de notre écosystème». La question est: «Les modifications récentes de notre milieu physique, dynamique, économique et humain de notre espace littoral sont-elles en cause?»
De votre étude, que ressort-il?
De façon flagrante, on voit que la grande majorité des personnes interrogées s'accordent à dire que les origines principales du problème sont: 1) la ferme aquacole de Saint-Paul (espace marin de culture industrielle); 2) la mise en place en 2007 d'une réserve marine dont les bouées feraient aujourd'hui office de D.C.P. (Dispositif de Concentration de Poisson); 3) les rejets fréquents et répétés d'abats venus de poissonneries, pêcheries, restaurants en nombre croissant; 4) l'écoulement des eaux pluviales par les ravines (eaux polluées, boueuses, transportant carcasses-pesticides et perturbant la salinité; 5) l'augmentation du nombre de tortue sur le littoral Ouest.
La multiplicité des causes rend le problème encore plus difficile à résoudre...
Ajoutons à cette énumération les profonds et constants bouleversements d'habitudes et d'attitudes de l'homme contemporain dans sa façon de s'approprier l'espace marin - le nombre, la durée dans le temps, la fréquence, la forme de sa présence, les odeurs, les bruits...
Et que dire des interventions mécaniques sous-marines liées à notre sismologie, dont les effets sur la plateforme littorale côtière peuvent nous échapper mais dont les conséquences sur le benthos ne sont pas sans avoir un retentissement dans ce prétendu «monde du silence» où vivent notamment les squales. On pourrait également supputer à propos de l'influence du réchauffement climatique sur le mode de vie des requins...
A présent, quelles seraient les solutions pour écarter l'ennemi de nos côtes?
Révision du zonage et de la règlementation de la réserve marine (à éloigner de la station balnéaire), régulation des requins prédateurs (espèces non protégées)... Les abats collectés par un service adéquat peuvent connaître l'équarrissage ou l'incinération (source de production d'engrais). Les ravines doivent faire l'objet d'un suivi régulier, concerté, globalisé (services publics ruraux, ONF, Chambre d'Agriculture, communauté agricole).
Bien sûr, l'eau de la mer baignant le littoral Ouest doit être analysée (turbinité, salinité, bactériologie...) par des prélèvements fréquents, et il faut fixer un critère de qualité ouvrant droit à la pratique de sports nautiques.
La reprise de l'activité nautique sur notre littoral doit donc s'opérer dans certaines conditions avec l’élaboration d'un cahier des charges
Nous suggérons deux étapes. D'abord, une période probatoire de trois mois pour mettre à l'épreuve le dispositif humain et le matériel de sécurisation sur les plages des Roches Noires et Boucan Canot. Ensuite, une extension progressive de la reprise à tout le littoral réunionnais.
On regrettera, dans cette étude, je tiens à le préciser, l'absence, hélas, de l'opinion de l'autorité scientifique dont on sait la rigueur et de l'interprétation statistique des phénomènes observés.
Tout ce que nous souhaitons, c'est maintenir un dialogue apaisé et cohérent à la recherche des solutions appropriées. L'essentiel aura sa réponse dans les dispositions prises par l'Etat et celles du monde politique…


- Publié le Lundi 3 Septembre 2012 à 12:28

Albert Cachera, ex-président de club de surf