L’architecte nous reçoit dans son splendide bureau, tout en essences précieuses. Il a eu le privilège d’occuper avec sa famille une partie de la maison de Raymond Barre. Cet homme si calme évoque avec passion son bilan: «Ce qui m’a intéressé à la Réunion c’est de remplir ma mission en étant toujours à la limite des concepts. Ce qui prévaut dans les monuments, ici comme au Japon, c’est le symbole». «L’ABF a une exigence très forte pour obtenir un peu…» Sans fausse pudeur, l’ABF avoue: «Il m’a fallu intégrer le fait que l’architecture puisse être désordonnée ici. Au départ j’ai été choqué et très vite j’ai réalisé que ce désordre est l’expression de la vie. C’est une matière intéressante à travailler. J’ai essayé de faire évoluer les choses en réintégrant le patrimoine dans la ville contemporaine. Quelques personnes sont ressorties en pleurant de mon bureau, mais dans l’ensemble, aucun coup de gueule mémorable ne me vient à l’esprit lorsque je fais le bilan de ces 12 années.»
L’Ecole d’Architecture «beaucoup de travail, mais beaucoup de plaisir…» Mais Gabriel Jonquères d’Oriola a un chantier tout particulier qui porte son empreinte. C’est celui de l’Ecole d’Architecture du Port. Il en est le directeur depuis 4 ans. Cette expérience d’enseignement puis de direction a été très riche en terme de réflexion complémentaire de l’activité d’Architecte des Bâtiments de France. Ce fut un challenge de reprendre une structure dans une passe difficile et de la remettre sur les rails. Le grand projet est la création d’une licence à La Réunion et l’ouverture en 2009, en partenariat avec l’Université de La Réunion, d’un Master II en architecture et urbanisme tropical.
Gabriel Jonquères d'Oriola pose une dernière fois devant la splendide case de Raymond Barre
«Une image de La Réunion: les petites gramounes sortant de la messe à Cilaos, portant leurs magnifiques chapeaux» Quant à évoquer son bilan personnel, avec son sourire si charmeur, il répond sans hésiter: «La Réunion m’a apporté une ouverture exceptionnelle sur le monde. Ici on retrouve la chaleur humaine…La Plaine des Sables a été un choc pour moi, cette vision est grandiose…Et puis au quotidien j’évoquerais volontiers l’odeur du jasmin de nuit dans la cour intérieure de la maison». CR
La pièce la plus étonnante de la maison, l'ancienne cuisine, gigantesque et magnifique