La naissance de Pépita
Pépita s’installe, mélange délicatement le sucre de son café raconte l’incroyable naissance de Pépita Dollars. «C’est ma nièce qui m’a baptisé Pépita. Je partais faire un spectacle et elle m’a demandé pourquoi j’étais habillé en femme. Je lui ai dit: «Tonton va faire un spectacle». Tout naturellement elle a répliqué: «je connais une femme qui s’appelle Pépita et qui comme toi est folle »… Pépita est née comme cela, en juin 98, puis est devenue au fil du temps Pépita Dollars. J’avais décidé d’afficher mon côté androgyne.
Coiffeuse et maquilleur…
«Je suis quelqu’un de tout à fait normal… Ma journée est simple, je suis coiffeuse, maquilleur et organisateur de show transformistes…». Quelqu’un de tout à fait banal effectivement! Mais qui est Pépita, masculin, féminin coiffeuse ou maquilleur? La chose semble être très claire pour elle: «Lorsque je m’exprime, c’est mon côté masculin, mais j’adore aussi les vêtements de femmes tout en restant ce que je suis. Pépita est belle et David se fera beau»…On entre dans le vif su sujet… Pépita alors enchaine très vite «Je suis quelqu’un de très changeant…Je suis du monde de la nuit, de l’univers de Miss Travesti. Parfois certaines personnes ne me connaissent pas en David…C’est mon combat…».
Le monde des travestis, c’est hallucinant!
Pépita s’enflamme alors: « L’issue pour beaucoup de travestis est de se mettre à la prostitution…C’est terrible dans l’esprit des gens, si tu es un travesti, tu es un prostitué…Ce n’est pas une fatalité. En juin 98, j’ai commencé à me faire belle et suis réellement entrée dans ce monde. Un homme m’a demandé un jour: «c’est combien?». Le monde des travestis est un milieu avec des caprices de femmes, des jalousies… Quand j’ai commencé mes shows avec Pépita 777, j’ai trouvé des travestis sur le trottoir, des non prostitués, des hétéros hommes et femmes… C’était un monde hallucinant où tout le monde se mélangeait pour le spectacle». Pépita part de son éclat de rire inimitable, sorte de pirouette, avant de continuer…
«Notre communauté représente dans l’île environ 100 personnes… Cela n’a rien à voir avec Paris… Là-bas il y a des endroits pour, et quand nous arrivons de La Réunion nous avons l’air de petits garçons déguisés. Aujourd’hui je mène un véritable combat. Avant c’était un milieu qui se cachait. Certains ont tout perdu à trop vite s’afficher. D’abord j’ai du faire mes preuves en tant que coiffeur. C’était chez Saint Algue au Port. J’avais confiance en moi et cela m’a permis d’ouvrir mon propre salon. Ma famille m’a toujours encadré. En 2003 je suis passé sur Antenne Réunion, j’ai montré mon travail et mon monde de la nuit. Ma famille a accepté de témoigner, grâce à eux, j’ai pu prouver que j’étais quelqu’un de complet. Avant les travestis étaient rejettés par leurs familles. Heureusement les mentalités ont évolué.
Le gros problème aujourd’hui est le regard homophobe. Il y a aussi des femmes qui nous regardent avec méfiance, nous sommes vus comme des gens peu fiables, pas normaux…Et puis nous sommes des artistes, nous donnons l’impression de nous amuser…Personnellement je suis aussi à l’aise avec les hommes que les femmes mais j’aime bien être avec les filles».
Le gros problème aujourd’hui est le regard homophobe. Il y a aussi des femmes qui nous regardent avec méfiance, nous sommes vus comme des gens peu fiables, pas normaux…Et puis nous sommes des artistes, nous donnons l’impression de nous amuser…Personnellement je suis aussi à l’aise avec les hommes que les femmes mais j’aime bien être avec les filles».