«C’était génial, comme une seconde grande sœur»
Dans ma famille, nous nous sommes toujours entraidé, mais cette fois, c’est allé trop loin. J’avais 13 ans à l’époque, je suis rentrée chez mes parents, je les ai embrassés et ai salué une troisième personne que je ne connaissais pas. Au bout de quelques instants, ma mère m’a prise à part et m’a dit: «Tu ne la reconnais pas? C’est ta cousine, Murielle». C’était incroyable, ma cousine la filleule de mon père, si belle… Elle était devenue cadavérique. Sa maigreur était stupéfiante et me terrifiait. A la fin de la soirée, mes parents nous ont expliqué à ma sœur et moi que Murielle était malade, et qu’ils souhaitaient l’accueillir chez nous quelques temps. Nous ne mesurions pas réellement les conséquences à l’époque. De suite je lui ai laissé ma chambre, et ma petite sœur lui a déposé un mot sur son lit lui expliquant qu’elle était heureuse de l’accueillir chez nous et qu’elle allait devenir une vraie grande sœur. A ce moment, je ne me doutais pas que cela aurait un tel impact sur notre vie familiale
«J’avais honte de ma cousine»
Très vite après l’arrivée de Murielle, mes parents ont décidé de ne plus partager leurs repas avec ma sœur et moi. C’est vrai que manger avec elle était devenu un calvaire. Mes parents se battaient constamment pour qu’elle accepte de se nourrir. Les soirées étaient rythmées par des discutions sans fin. Des cris, des larmes, voilà ce qu’étaient devenus les dîners de famille pourtant si conviviaux… Avec ma sœur, nous faisions notre vie de notre côté. Personne ne nous expliquait ce qui se passait, nous étions «trop jeunes pour comprendre».
Mais rapidement dans notre village, les gens ont commencé à parler, j’étais devenue la cousine de l’anorexique! Celle que tout le monde regardait avec pitié et dégoût, je ne voulais pas me montrer avec elle. Celle que j’avais voulu considérer comme une sœur, me faisait désormais honte. Son état empirait au fil des semaines, et les pompiers sont intervenus de nombreuses fois chez mes parents. J’ai commencé à vraiment la détester quand j’ai vu qu’elle était le centre de préoccupation de mes parents. Nous ne faisions plus rien en famille. Tous les regards étaient portés sur elle. Mais un jour, ne pesant plus que 37 kg, elle a du être hospitalisée de force. Nous allions la voir constamment à l’hôpital, lui apportant des cadeaux encore et toujours pour qu’elle se sente moins seule. Mais elle n’était jamais satisfaite, elle se croyait dans un club de vacances alors qu’elle était malade. Mais ça, elle l’a toujours nié.
Mais rapidement dans notre village, les gens ont commencé à parler, j’étais devenue la cousine de l’anorexique! Celle que tout le monde regardait avec pitié et dégoût, je ne voulais pas me montrer avec elle. Celle que j’avais voulu considérer comme une sœur, me faisait désormais honte. Son état empirait au fil des semaines, et les pompiers sont intervenus de nombreuses fois chez mes parents. J’ai commencé à vraiment la détester quand j’ai vu qu’elle était le centre de préoccupation de mes parents. Nous ne faisions plus rien en famille. Tous les regards étaient portés sur elle. Mais un jour, ne pesant plus que 37 kg, elle a du être hospitalisée de force. Nous allions la voir constamment à l’hôpital, lui apportant des cadeaux encore et toujours pour qu’elle se sente moins seule. Mais elle n’était jamais satisfaite, elle se croyait dans un club de vacances alors qu’elle était malade. Mais ça, elle l’a toujours nié.
«Elle était une étrangère»
Quelques années ont passé, et mes parents ont pris du recul vis-à-vis d’elle. Elle était partie en métropole, et la vie avait repris son cours. Elle nous envoyait des cartes postales auxquelles je ne prêtais pas attention. Ma cousine était devenue un mauvais souvenir, mais aussi une étrangère. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec elle, elle m’avait fait trop de mal. Mais un événement est venu tout perturber. Un mariage dans ma famille, qui devait être une journée de bonheur et d’amour. Mais c’était sans compter sur la venue de Murielle. Elle est arrivée et là une fois de plus, je ne l’ai pas reconnue, elle était énorme. La dernière image que j’avais d’elle était celle d’une jeune femme cadavérique… Je ne comprenais rien. J’ai refusé d’être placée à sa table, de lui parler. Elle m’avait fait trop souffrir et ne s’était jamais excusée. Elle ne nous avait jamais remercié des sacrifices que mes parents avaient fait pour elle. Je ne la supportais plus.
Aujourd’hui je ne lui parle toujours pas. Je sais qu’elle travaille dans une boulangerie de l’île. La première fois qu’elle m’a servie, elle m’a reconnue et m’a appelée par mon prénom. Je lui ai dit qu’elle se trompait de personne et suis partie. Je sais, que ça peut-être démesuré pour certaines personnes, mais à cause d’elle j’ai toujours cru que pour mériter l’attention de mes parents, il fallait que j’ai des problèmes liés à l’alimentation. J’ai été suivie pour cela. Je ne reproche rien à mes parents, ils ne pouvaient pas se douter. Mais je sais désormais que l’anorexie est une maladie grave et que l’entourage familial est souvent impuissant s’il n’y a pas d’aide médicale… Je sais que je fais souffrir ma cousine en la reniant ainsi, mais elle m’a fait trop de mal pour que je lui pardonne si vite…
Aujourd’hui je ne lui parle toujours pas. Je sais qu’elle travaille dans une boulangerie de l’île. La première fois qu’elle m’a servie, elle m’a reconnue et m’a appelée par mon prénom. Je lui ai dit qu’elle se trompait de personne et suis partie. Je sais, que ça peut-être démesuré pour certaines personnes, mais à cause d’elle j’ai toujours cru que pour mériter l’attention de mes parents, il fallait que j’ai des problèmes liés à l’alimentation. J’ai été suivie pour cela. Je ne reproche rien à mes parents, ils ne pouvaient pas se douter. Mais je sais désormais que l’anorexie est une maladie grave et que l’entourage familial est souvent impuissant s’il n’y a pas d’aide médicale… Je sais que je fais souffrir ma cousine en la reniant ainsi, mais elle m’a fait trop de mal pour que je lui pardonne si vite…