“Joël Pélerin et les maires” avec de gauche à droite Paolo De Marchis, maire l’Oulx, Joël Pélerin, Francesco Avato, maire de Bardonecchia, Daniele Chareun, président de l’Association Agricole et Touristique de la ville de Beaulard
Le message inscrit sur le petit tableau noir à l’entrée de la salle de classe, devenue salle d’exposition, est fort: «Se la pianta vuole i suoi frutti, deve avere cura delle proprie radici», traduire «Si la plante veut des fruits, elle doit prendre soin de ses propres racines». Il donne le ton au sens que l’artiste a voulu donner à cette exposition. Le titre aussi est explicite: «Donna, Isola, Famiglia» (Femme, Ile, Famille), et fidèle aux thèmes habituels et chers au photographe, mettant en avant la féminité, le métissage réunionnais et les relations humaines. Au vernissage en juillet, deux maires, celui d’Oulx et celui de Bardonecchia, deux villes de la haute vallée de Susa (près de Turin), ont honoré de leur présence, le vernissage de cette exposition, qui a été réalisée en collaboration avec l’Associazione Agricola Turistica Beaulard, regroupant essentiellement des enfants du pays, dont l’artiste et son épouse sont membres.
« JPelerin le maire et sa mère » Paolo De Marchis, maire d’Oulx, félicite la mère de l’artiste, Elvire Pélerin, 88 ans, native de Beaulard.
Le public a pu découvrir 27 photos, accompagnées de 11 poèmes d’Alice Ranorojaona-Pélerin, dans les deux versions, italienne et française, traduits en italien par Daniela Rossi Chareun, une cousine du photographe, elle-même artiste peintre et écrivain, ainsi que sa vidéo projection intitulée: «Que la femme soit ...!» (musique de Thierry Pèlerin, textes et scénario d’Alice Ranorojaona-Pélerin), qui l’a fait connaître à Venise. Etait ce dû à ce retour aux sources ? L’émotion était forte. Le public nombreux, au départ surpris, a tout de suite été séduit, et a encouragé l’artiste à revenir pour d’autres expositions dans la vallée. Quant à La Réunion, elle a été à l’honneur, une fois de plus, par la richesse de sa diversité, la chaleur et la douceur de son «bien-vivre ensemble» que les photos de Joël Pélerin savent si bien mettre en valeur, rehaussées par quelques produits pays que l’artiste a pris soin de ramener dans ses valises, et qui ont été fort appréciés lors du vernissage!
Parmi les poèmes, celui intitulé «Couleur» était associé à la photo des deux femmes «Ivory and Ebony», et a été très commenté et apprécié!...
Ivory and Ebony
COULEUR
Nostalgie
Ma couleur!
Tu as été ma douleur,
Avant d’être mon bonheur.
Tu as connu la peur
Et l’humiliation
De la ségrégation,
Avant de devenir ma fierté!
Tellement malmenée
Par tout un passé
Qui t’a enfermée,
Tu as été reniée
Par ceux qui t’ont léguée
A l’enfant que j’étais.
Ceux-là même, qui m’ont faite,
T’ont décrété leur défaite,
Collé des étiquettes
Dont ils avaient hérité
De plusieurs siècles d’histoire,
Qui voulaient laisser croire
Que quand tu étais noire,
Tu devais t’incliner
En signe d’infériorité,
Et quand tu étais blanche,
Tu devais dominer,
Craindre une revanche?
Et puis, j’ai compris,
Que, peu importe finalement,
La valeur qu’ils attribuent
Au marron, noir ou blanc,
Que je peux décider aussi
De te remettre à nu,
Réhabiliter ta vertu,
Révéler ta splendeur,
Et montrer ta valeur,
La chaleur que tu dégages,
Ta douceur infinie,
Que tu soies plus qu’une image!
Toi, le simple habit
De ma peau, de mon corps…
Alice Ranorojaona-Pélerin
Trad: Daniela Rossi Chareun
Tu as été ma douleur,
Avant d’être mon bonheur.
Tu as connu la peur
Et l’humiliation
De la ségrégation,
Avant de devenir ma fierté!
Tellement malmenée
Par tout un passé
Qui t’a enfermée,
Tu as été reniée
Par ceux qui t’ont léguée
A l’enfant que j’étais.
Ceux-là même, qui m’ont faite,
T’ont décrété leur défaite,
Collé des étiquettes
Dont ils avaient hérité
De plusieurs siècles d’histoire,
Qui voulaient laisser croire
Que quand tu étais noire,
Tu devais t’incliner
En signe d’infériorité,
Et quand tu étais blanche,
Tu devais dominer,
Craindre une revanche?
Et puis, j’ai compris,
Que, peu importe finalement,
La valeur qu’ils attribuent
Au marron, noir ou blanc,
Que je peux décider aussi
De te remettre à nu,
Réhabiliter ta vertu,
Révéler ta splendeur,
Et montrer ta valeur,
La chaleur que tu dégages,
Ta douceur infinie,
Que tu soies plus qu’une image!
Toi, le simple habit
De ma peau, de mon corps…
Alice Ranorojaona-Pélerin
Trad: Daniela Rossi Chareun
Sumatra
Hammam
Sur la pointe des pieds