7 Magazine Réunion, L’actualité people et lifestyle à l’île de la Réunion
7 Magazine Réun
La Région Réunion

Assises des Outre-Mer : Un modèle économique réunionnais partagé



Par La Réunion Positive - Publié le Jeudi 21 Juin 2018 à 11:19

Contribution de la Région Réunion aux assises de l’Outre-Mer engagées par le Gouvernement en concertation avec les acteurs économiques de la Réunion

ADIR, CAPEB, C.A.R, CCIR, CMAR, CLUSTER MARITIME, CPME-RÉUNION, DIGITAL RÉUNION, FRBTP, MEDEF-RÉUNION, LA RÉUNION ÉCONOMIQUE


Didier ROBERT, Président de la Région a présenté, ce mardi 19 juin, la contribution économique de la Région, en concertation avec les acteurs économiques de La Réunion qui sera soumise prochainement à la Ministre des Outre Mer dans le cadre des Assises des Outre Mer, engagées par le Gouvernement.

Cette contribution est un document consensuel, porté par la Région, qui porte la responsabilité du développement économique de l’île, et l’ensemble des acteurs économiques locaux pour porter d’une même voix un projet économique pour La Réunion.

Deux enjeux majeurs ressortent de cette contribution : 
- Un enjeu de développement de l’attractivité du territoire nécessitant une évolution de la fiscalité et des charges sociales pour les entreprises 
- Une nécessité d’ouverture sur le monde, d’accompagnement des entreprises à l’extérieur du territoire

Cette démarche forte et partagée poursuit aujourd’hui l’ambition de faire entendre la voix de La Réunion sur le modèle économique souhaité de manière partagée pour l’île avec un impact positif sur l’attractivité, l’activité et l’emploi.

Résumé de la contribution :

PRÉAMBULE

Changer de philosophie et de méthode, en exploitant toutes les potentialités institutionnelles nationales et communautaires, existantes à ce jour, telle est l’ambition de la présente feuille de route. Celle-ci est conduite en parallèle des travaux et contributions réalisés par les acteurs économiques pendant les Assises de l’Outre-mer et dans le cadre des discussions sur le PLF 2019. Le présent document bien évidemment ne préjuge pas de la pertinence de ces propositions et projets.

Si le dynamisme de l’économie réunionnaise est un marqueur de sa formidable mutation, les constats partagent l’impression que cette évolution reste vulnérable. Pour l’économie réunionnaise, l’enjeu est maintenant de sécuriser la trajectoire de son modèle économique assurant une transition conciliant croissance et développement, réduisant les vulnérabilités d’une économie exposée et, ce faisant, permettant de relever les défis économiques, sociétaux et climatiques.

Le présent document propose des leviers pour saisir les grandes transformations, en cours à tous les niveaux en ce premier quart du XXIe siècle ; ces enjeux devant être envisagés comme autant d’opportunités. Si cette feuille de route se veut être originale, cela se situe moins au niveau de l’écriture d’une énième stratégie de développement, déjà unanimement partagée, que dans sa volonté d’être novatrice sur son déploiement. Aller plus loin que l’incantation invite à utiliser d’autres ressorts, à faire évoluer la méthode de mise en oeuvre de cette ambition en mobilisant de nouvelles formes d’intelligences territoriales. La Réunion est appelée à mobiliser toutes ses énergies au service de la transformation de son modèle économique lui permettant un développement sécurisé, équilibré et durable.

Le socle de cette nouvelle dynamique de croissance est résolument optimiste. Le Monde en mouvement ouvre en effet de larges opportunités pour construire des avantages compétitifs et des relais de prospérité. Dans cette nouvelle donne, La Réunion dispose d’atouts importants (équipements, infrastructures, savoirs faires, institutions politiques, économiques et juridiques stables, écosystèmes d’innovation dynamiques,…) à valoriser pour renforcer son tissu économique et soutenir son insertion dans la zone, l’hospitalité de son économie et sa participation active à une économie désormais globalisée.

Renforcer le tissu économique local réunionnais

Le climat de l’environnement économique dans cette île de l’océan Indien n’a eu cesse de s’améliorer. Néanmoins, malgré ces dotations en facteurs de qualité beaucoup reste à faire. De nombreux retards sont à combler ; des défis importants à relever propres à un territoire insulaire aux caractéristiques géographiques imposant nécessairement de véritables prouesses.

L’effort doit donc encore se poursuivre pour sécuriser les axes, adapter des réseaux aux normes internationales, faciliter l’accès de la population au Monde et rendre le territoire plus accessible. Il y va là du renforcement, de la compétitivité et de l’attractivité du territoire ainsi que celles de ses entreprises ; attractivité et compétitivité qui sont aussi fortement impactées par des composantes moins tangibles comme la gouvernance appliquée et convergente (ingénierie territoriale, soutien politique, financements publics coordonnés,…).

Cette intention d’offrir aux acteurs économiques, un accompagnement plus lisible, plus agile, plus pertinent ne peut souffrir d’une quelconque réduction des enveloppes destinées à compenser les différentiels de compétitivité qui pèsent défavorablement sur les entreprises ultramarines. En d’autres termes, la contribution financière de l’Etat de 2,5 milliards d’euros, à l’endroit des départements d’outre-mer pris globalement, doit être maintenue a minima pour remplir cesobjectifs car elle ne permet que de compenser partiellement les différentiels de compétitivité dont les entreprises ultramarines en général et réunionnaises en particulier pâtissent du fait de leur localisation et de la taille du marché qu’elles adressent. Dès lors, cette contribution identifie et propose de mettre en oeuvre des mesures supplémentaires pour accompagner de nouvelles voies ambitieuses de développement de La Réunion aussi bien au niveau du coût du travail, de lafiscalité, de l’octroi de mer, de l’agilité entrepreneuriale, de la conception globale des aides d’Etat, de l’accès des entreprises aux marchés intérieurs et internationaux et de la gestion des échanges entre la métropole et les DROM.

Soutenir l’internationalisation du territoire et des entreprises

L’exiguïté du territoire et son marché limité conduisent à faire de l’ouverture le nouvel horizon de l’économie réunionnaise. Cette ambition doit s’entendre dans les deux sens et relève de l’accroissement de l’internationalisation de l’économie réunionnaise à la fois productrice de solutions exportables et innovantes mais aussi terre d’accueil d’investissements. Cette dynamique, déjà amorcée, doit être néanmoins accélérée : La Réunion est une terre de conquêtes, au service de la France océanique. « Connais ton territoire et éclaire le Monde », tel pourrait être la base de cette ambition, d’autant plus fondée que l’île se situe à la croisée de deux grandes dynamiques de mondialisation, fécondes : celle, actuelle, concernant l’Asie au Nord-Est et celle, à venir, portant l’Afrique à l’Ouest. Ces environnements géographiques offrent de nombreux marchés disposant de caractéristiques similaires à celles de La Réunion tant par la taille, l’isolement, le climat, la population, etc. Cette internationalisation concerne, non seulement l’économie en général et sa capacité à faciliter l’accueil des investisseurs, mais aussi les niveaux sectoriels (comme le tourisme par exemple) où il convient de lever plusieurs blocages. Dans cette perspective, la question de la mise à niveau des infrastructures portuaires et aéroportuaires et de leur adaptation par rapport aux enjeux des destinations concurrentes (voisines) est fondamentale à la fois pour améliorer le fonctionnement de la chaîne logistique des hommes, des marchandises et des services et pour conquérir les opportunités de l’économie bleue.

Dans cette optique, soutenir l’économie réunionnaise exportatrice de solutions passe par des évolutions substantielles dans plusieurs directions : adapter les positionnements de La Réunion vis à vis du territoire hexagonal, traiter la question des investissements dans les Outre-mer, poser la mise en oeuvre d’une zone économique spéciale sous douane, faire évoluer le cadre de l’insertion et de la coopération régionale, soutenir le rayonnement de La Réunion dans sa zone stratégique et son « soft power ».

Enfin, dans une économie où la capacité à exporter passe par celle à se différencier non pas par une compétitivité « coûts » mais par une compétitivité « hors coûts », tout effort de différenciation « hors coûts » repose sur l’habilité des acteurs à s’appuyer sur l’innovation. Celle-ci se révèle être une des pierres angulaires de la nouvelle dynamique de croissance faisant de La Réunion une terre productrice de solutions innovantes. Cette dynamique d’innovations est au coeur de plusieurs enjeux. Au delà de créer des avantages compétitifs, elle facilite la mutation des secteurs historiques et réduit l’exposition de l’économie réunionnaise en diversifiant ses sources de prospérité. Si cette dynamique d’innovations est aujourd’hui enclenchée elle doit être soutenue pour faciliter l’accompagnement et le financement des projets dans leur conquête des marchés mondiaux.

Une nouvelle dynamique de croissance créatrice de résilience et au service du développement durable

La Réunion, exportatrice de solutions durables, est une chance pour La France, la République, l’Europe. Si la croissance doit être renforcée, elle doit aussi être consacrée à la sécurisation de la trajectoire de développement de l’île. Les défis humains, technologiques, sociétaux sont sur ce plan immenses. La Réunion du « million d’habitants » doit en effet parfaire sa « grande transformation » en réussissant plusieurs transitions : écologique, énergétique, alimentaire, sociétale, humaine… Celles-ci sont à l’aune des nouvelles formes de prospérités compatibles avec le territoire et le bienêtre de ses résidents. En d’autres termes, le projet de développement doit aussi être en accord avec un référentiel adapté et réaliste basé sur les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies.

La nouvelle dynamique de croissance, conjugue plusieurs dimensions laissées jusqu’ici séparées ou ne pouvant être envisagées de manière complémentaires ou additives. Tel est le cas de la nécessité de concilier, transition de l’économie contemporaine, mise en oeuvre des relais futurs de croissance et transition écologique. Autrement dit, envisager l’avenir de notre modèle économique ne peut se faire sans consolider son caractère durable et sa résilience.

Dans ce cadre, la nouvelle économie réunionnaise est construite par et pour ses habitants. Elle s’affirme comme l’outil d’une prospérité renouvelée, qui offre à chacun la possibilité de vivre dans la dignité, de répondre à ses besoins, de s’accomplir et de réaliser ses choix de vie. La consolidation du vivre ensemble pose alors le défi de loger La Réunion du « million d’habitants » et de préserver et renforcer les talents, l’épanouissement intellectuel et culturel, la santé et plus globalement le bien-être des résidents.
La nouvelle économie réunionnaise est résiliente. Agile, elle est capable de sécuriser la croissance des entreprises et de résister aux chocs extérieurs en confortant les fondations locales de sa prospérité. Loin d’ignorer les défis, elle mise sur l’invention de solutions audacieuses à même de réduire la dépendance et la vulnérabilité du territoire et de créer de vastes gisements d’activités et d’emplois, tout en contribuant pleinement à la préservation et à la valorisation de nos patrimoines naturels et culturels au service du bien commun.

Assises des Outre-Mer : Un modèle économique réunionnais partagé
Mobiliser de nouveaux leviers au service de l’agilité territoriale

Dans un Monde soumis à l’hyper vitesse, la nouvelle dynamique de croissance invite au mouvement et à refuser l’inertie. Il s’agit de changer de philosophie et de méthode en mobilisant d’autres ressorts. Deux axes innovants peuvent alors être combinés pour accélérer l’émergence de la nouvelle économie réunionnaise.

Le premier repose sur le renforcement de la cohérence des politiques publiques aussi bien au niveau local que sur la relation reliant l’Union Européenne, l’Etat et les collectivités locales. Le cadre de fonctionnement de l’économie doit évoluer en adaptant, dans le respect de l’organisation administrative de la République, les politiques publiques aux contextes locaux. Cette acclimatation des normes vise aussi à consolider la relation de confiance entre l’Etat et les acteurs économiques du territoire qui ont besoin de visibilité, de stabilité et de lisibilité. Ces avancées normatives, permettant de réduire la pesanteur des contraintes inadaptées, sont attendues dans plusieurs domaines : le logement, la transition écologique, énergétique, la sécurité alimentaire. Travailler à un cadre réglementaire et normatif adapté au contexte local ne relève donc pas que de l’anecdote tant les blocages, freins et verrous sont nombreux et réduisent le potentiel de libération des énergies économiques.

Le second se fonde sur le dépassement de l’inertie des dynamiques territoriales pour rompre avec les postures, réduire la viscosité, construire au contraire de l’agilité en mobilisant la socio-dynamique des acteurs et créer les espaces adaptés à l’accroissement de l’efficience des politiques publiques. En d’autres termes, l’idée que d’autres méthodes sont possibles. Tel est le message adressé par le Mémorandum sur l’Ancrage Territorial des politiques publiques qui met en lumière la nécessité d’intégrer pleinement la dimension sociétale (celle-ci intervenant tout au long du processus de production) dans nos politiques publiques. Consacrant le retour « du territoire », ici entendu sous toutes ses formes (spatiale, institutionnelle, économique), cette approche incite à mobiliser de nouveaux espaces d’intelligence territoriale pour hâter le passage de la planification à la mise en action et éviter la pensée « hors sol ». L’appel à davantage d’ancrage des politiques publiques, suggère aussi le renforcement de leurs cohérences.

Dans cette optique, la réussite de l’investissement public local, comme vecteur de développement économique, territorial suppose l’association de plusieurs forces : une action publique locale qui vise l’efficacité et la cohérence entre ses missions publiques et ses ressources ; un soutien renforcé de l’Etat dans le développement du territoire et de son tissu économique ; une action entrepreneuriale soucieuse de créer de la valeur en s’appuyant sur les équipements et les outils publics. De même, l’accompagnement des modèles économiques historiques dans leur adaptation aux nouveaux contextes et paradigmes d’une part, et l’accélération du déploiement des relais de croissance ainsi que la conquête de nouveaux horizons d’autre part, conduisent à stimuler l’agilité territoriale. Celle-ci peut profiter de la mise en action du triptyque accompagner/former/évaluer pour fluidifier cette transition, libérer les énergies et permettre à l’économie de La Réunion de conquérir tout son potentiel et ses territoires en développant de nouvelles activités économiques et solutions participant au rayonnement élargi de La Réunion.