Au nom du Conseil régional et en mon nom propre, j’adresse mes condoléances attristées, ma sympathie et mon soutien affectueux à toute la famille de Marguerite Jauzelon, à sa fille Jeanine Deleflie, à ses petits-enfants et tous ses proches.
Marguerite Jauzelon qui vient de nous quitter dans sa 106ème année est une grande Réunionnaise au parcours exceptionnel dont La Réunion s’enorgueillit !
Ce parcours l’a menée de Saint-André et plus précisément du quartier de Ravine Creuse où elle est née le 25/07/1917, vers des contrées les plus lointaines de son île de naissance. Il faut le dire la petite Marguerite qui a été scolarisée chez les religieuses de Saint-Joseph de Cluny était d'une trempe exceptionnelle, d'une détermination certainement sans pareil au vu de l'itinéraire de vie qu'elle a eu.
Très chère regrettée Marguerite, Très chère sœur aînée des Réunionnaises et Réunionnais, vous avez poursuivi votre scolarité à l'école Joinville puis à l'école normale et vous êtes devenue institutrice alors que vous rêviez d'être aviatrice ou militaire, vous avez enseigné à la Chaloupe Saint-Leu, à Sainte-Rose et puis enfin à Saint-André, et contribué de façon exemplaire à la formation intellectuelle et la droiture morale de vos élèves !
Quel sens aigu du devoir vous a conduite à rejoindre l'armée française de libération basée en Afrique du Nord avec 51 femmes volontaires de notre île !
« De l’audace, en toute occasion de l’audace ». Cette citation colle comme un gant à votre vie ! Quelle audace il a fallu pour se lancer dans une pareille aventure, d'abord à Madagascar où vous êtes affectée comme secrétaire alors que vous voulez absolument aller sur le front comme ambulancière et vous prouvez alors à votre capitaine que vous savez conduire, d'ailleurs on me dit que vous avez appris à conduire alors que vous n'aviez que 14 ans et cela à l'insu de vos parents, vous étiez donc non seulement audacieuse mais aussi intrépide et ne m’en voulez pas si je dis « un peu désobéissante ».
Et tenace et endurante ! vous l’êtes car vous avez effectué la formation extrêmement difficile d’ambulancière. Vous avez pris des cours de conduite de poids lourds de dépannage, de topographie, de maniement des armes, de marche forcée mais aussi de secourisme. Vous avez fait des stages en hôpital pour enfin prendre le départ vers Alger que vous atteignez après 52 jours de voyage et de longues escales à Diego Suarez puis Djibouti... votre bateau a même croisé un bateau japonais ennemi.
Votre vie est un roman d'aventures, de prouesses héroïques ! parsemé d’évènements historiques :
Vous avez ainsi défilé avec fierté devant le général de Gaulle un 14 juillet 1944.
C'est à Oran que vous êtes affectée au 431ème bataillon médical colonial dans la 3ème compagnie de ramassage et vous y êtes avec 24 ambulancières réunionnaises et malgaches et c'est là qu'on remet entre vos mains un nouveau paquetage américain et on vous attribue une ambulance de marque Dodge et vous devenez chef de voiture et votre équipière est une Malgache, Fauchette Duchesne. Votre véhicule vous le baptisez du nom d’hirondelle et l'aventure reprend le 29/7/1944. Vous partez pour Ajaccio à bord du Sidi Brahim.
À ce moment-là, a lieu le débarquement de Provence. Il s'agit de créer un nouveau front afin de détruire l'armée allemande dans le sud-est de la France. Vous débarquez le 21 août à Cavalaire puis vous prenez la direction de Toulon où ont lieu des combats pour la libération de la ville et votre première mission sur le front est d'évacuer les blessés allemands du fort Sainte-Marguerite.
La jeune femme que vous êtes entreprend alors un périple long et dangereux avec la remontée de la vallée du Rhône, la bataille d’Autun, la bataille des Vosges, la bataille de Colmar et au moment de la capitulation, c'est-à-dire en mai 1945, vous voilà près de Tübingen en Allemagne et votre démobilisation n'aura lieu qu'en novembre 1945.
Vous revenez en 1946 à La Réunion et vous redevenez institutrice à Saint-André...héroïne anonyme dans votre pays...soldate inconnue dans votre propre île que vous avez sauvée du joug nazi !
Mais vous le savez, les lendemains de guerre oublient les femmes... c’est ainsi qu’à la fin de la guerre, en France, 6 femmes seulement ont reçu la croix de la Libération sur 1059 attributions.
Vous avez participé avec vaillance à la lutte contre l’impérialisme du régime nazi. Vous avez fait partie de ces nombreuses volontaires Réunionnaises qui se sont engagées et ont constitué cette « armée en jupon », dans l’administration, l’intendance, la communication, le transport, la défense anti-aérienne... Cette « armée de petites mains, de doigts de fées », s’est révélée d’une grande utilité comme infirmières, sténodactylos, couturières-raccommodeuses, radiotélégraphistes, assistantes sociales...
Pourtant, il a fallu attendre 56 ans pour que votre passé héroïque soit enfin reconnu. En effet, c'est seulement en 2002 que vous recevez le titre de Chevalier de la Légion d'honneur et c'est un ami à vous, un camarade, un résistant réunionnais Jean Joly qui vous remet ce titre.
La Réunionnaise que vous êtes n'a cessé de témoigner auprès des élèves et des jeunes Réunionnais dans les établissements scolaires à titre de mémoire et vous avez toujours insisté sur les valeurs de courage, d'humanité et de fraternité. Lorsque vous devenez centenaire on vous rend un hommage officiel en 2017.
En ce triste jour de deuil, je tiens à vous dire toute la reconnaissance, l'admiration, le respect que La Réunion vous porte.
Soyez assurée de ma plus haute estime et si vous le permettez de mon affection pour la femme remarquable et l’exemple que vous êtes pour La Réunion. La Région Réunion donnera votre nom à un lycée de La Réunion.
Marguerite Jauzelon qui vient de nous quitter dans sa 106ème année est une grande Réunionnaise au parcours exceptionnel dont La Réunion s’enorgueillit !
Ce parcours l’a menée de Saint-André et plus précisément du quartier de Ravine Creuse où elle est née le 25/07/1917, vers des contrées les plus lointaines de son île de naissance. Il faut le dire la petite Marguerite qui a été scolarisée chez les religieuses de Saint-Joseph de Cluny était d'une trempe exceptionnelle, d'une détermination certainement sans pareil au vu de l'itinéraire de vie qu'elle a eu.
Très chère regrettée Marguerite, Très chère sœur aînée des Réunionnaises et Réunionnais, vous avez poursuivi votre scolarité à l'école Joinville puis à l'école normale et vous êtes devenue institutrice alors que vous rêviez d'être aviatrice ou militaire, vous avez enseigné à la Chaloupe Saint-Leu, à Sainte-Rose et puis enfin à Saint-André, et contribué de façon exemplaire à la formation intellectuelle et la droiture morale de vos élèves !
Quel sens aigu du devoir vous a conduite à rejoindre l'armée française de libération basée en Afrique du Nord avec 51 femmes volontaires de notre île !
« De l’audace, en toute occasion de l’audace ». Cette citation colle comme un gant à votre vie ! Quelle audace il a fallu pour se lancer dans une pareille aventure, d'abord à Madagascar où vous êtes affectée comme secrétaire alors que vous voulez absolument aller sur le front comme ambulancière et vous prouvez alors à votre capitaine que vous savez conduire, d'ailleurs on me dit que vous avez appris à conduire alors que vous n'aviez que 14 ans et cela à l'insu de vos parents, vous étiez donc non seulement audacieuse mais aussi intrépide et ne m’en voulez pas si je dis « un peu désobéissante ».
Et tenace et endurante ! vous l’êtes car vous avez effectué la formation extrêmement difficile d’ambulancière. Vous avez pris des cours de conduite de poids lourds de dépannage, de topographie, de maniement des armes, de marche forcée mais aussi de secourisme. Vous avez fait des stages en hôpital pour enfin prendre le départ vers Alger que vous atteignez après 52 jours de voyage et de longues escales à Diego Suarez puis Djibouti... votre bateau a même croisé un bateau japonais ennemi.
Votre vie est un roman d'aventures, de prouesses héroïques ! parsemé d’évènements historiques :
Vous avez ainsi défilé avec fierté devant le général de Gaulle un 14 juillet 1944.
C'est à Oran que vous êtes affectée au 431ème bataillon médical colonial dans la 3ème compagnie de ramassage et vous y êtes avec 24 ambulancières réunionnaises et malgaches et c'est là qu'on remet entre vos mains un nouveau paquetage américain et on vous attribue une ambulance de marque Dodge et vous devenez chef de voiture et votre équipière est une Malgache, Fauchette Duchesne. Votre véhicule vous le baptisez du nom d’hirondelle et l'aventure reprend le 29/7/1944. Vous partez pour Ajaccio à bord du Sidi Brahim.
À ce moment-là, a lieu le débarquement de Provence. Il s'agit de créer un nouveau front afin de détruire l'armée allemande dans le sud-est de la France. Vous débarquez le 21 août à Cavalaire puis vous prenez la direction de Toulon où ont lieu des combats pour la libération de la ville et votre première mission sur le front est d'évacuer les blessés allemands du fort Sainte-Marguerite.
La jeune femme que vous êtes entreprend alors un périple long et dangereux avec la remontée de la vallée du Rhône, la bataille d’Autun, la bataille des Vosges, la bataille de Colmar et au moment de la capitulation, c'est-à-dire en mai 1945, vous voilà près de Tübingen en Allemagne et votre démobilisation n'aura lieu qu'en novembre 1945.
Vous revenez en 1946 à La Réunion et vous redevenez institutrice à Saint-André...héroïne anonyme dans votre pays...soldate inconnue dans votre propre île que vous avez sauvée du joug nazi !
Mais vous le savez, les lendemains de guerre oublient les femmes... c’est ainsi qu’à la fin de la guerre, en France, 6 femmes seulement ont reçu la croix de la Libération sur 1059 attributions.
Vous avez participé avec vaillance à la lutte contre l’impérialisme du régime nazi. Vous avez fait partie de ces nombreuses volontaires Réunionnaises qui se sont engagées et ont constitué cette « armée en jupon », dans l’administration, l’intendance, la communication, le transport, la défense anti-aérienne... Cette « armée de petites mains, de doigts de fées », s’est révélée d’une grande utilité comme infirmières, sténodactylos, couturières-raccommodeuses, radiotélégraphistes, assistantes sociales...
Pourtant, il a fallu attendre 56 ans pour que votre passé héroïque soit enfin reconnu. En effet, c'est seulement en 2002 que vous recevez le titre de Chevalier de la Légion d'honneur et c'est un ami à vous, un camarade, un résistant réunionnais Jean Joly qui vous remet ce titre.
La Réunionnaise que vous êtes n'a cessé de témoigner auprès des élèves et des jeunes Réunionnais dans les établissements scolaires à titre de mémoire et vous avez toujours insisté sur les valeurs de courage, d'humanité et de fraternité. Lorsque vous devenez centenaire on vous rend un hommage officiel en 2017.
En ce triste jour de deuil, je tiens à vous dire toute la reconnaissance, l'admiration, le respect que La Réunion vous porte.
Soyez assurée de ma plus haute estime et si vous le permettez de mon affection pour la femme remarquable et l’exemple que vous êtes pour La Réunion. La Région Réunion donnera votre nom à un lycée de La Réunion.