Il aurait pourtant dû sentir le vent tourner notre pharaon de la pyramide inversée: lors des dernières législatives, Didier Robert l’avait largement battu alors que personne ne pariait un euro sur le jeune maire du Tampon, soi-disant novice en politique. Rebelote, Didier Robert, donné largement perdant, a enfoncé le clou, en remportant brillamment les régionales. A novice novice et demi! La faute à la désunion de la gauche ou aux propos émouvants d’Huguette Bello, la maire de Saint-Paul, à quelques jours du 2ème tour, ou grâce, au final, à l’union de la droite, laissons aux uns et aux autres le soin de chercher les raisons de cette victoire ou de cette défaite, selon le camp dans lequel on se place, constatons tout simplement que la jeunesse a triomphé. Personne n’a osé dire à Paul Vergès qu’à 85 ans, il faut savoir laisser la place. Personne n’a osé dire à l’ex-président de Région qu’il valait mieux sortir par la grande porte en désignant lui-même un successeur crédible. Et comme d’autres, pas nombreux heureusement, politiciens ou chefs d’entreprises, qui ne parviennent pas à s’imaginer à la retraite, on peut tomber de haut. Quand on a 75 ans ou plus, et qu’on a prouvé qu’on a réussi, on peut, sans regret, passer à autre chose non? La soif de pouvoir et l’orgueil mènent à tout, et souvent à la défaite, on pensait Paul Vergès plus sage et plus fin tacticien. La Réunion respectera l’homme politique qu’il a été et les combats qu’il a menés, mais son seul nom ne suffit plus à rassembler, et il est dommage de partir ainsi. Paul Vergès, fidèle à ses principes, claironne qu’il repart au combat, que ce n’est pas fini, mais il faut être aveugle pour ne pas voir qu’on ne peut pas avoir été et être. Il va se représenter à la tête d’une liste aux prochaines élections territoriales dans quatre ans quand il aura 89 ans?... On lui souhaite beaucoup de courage, et surtout une bonne santé. Didier Robert a été élu, il doit désormais prouver qu’il est à la hauteur des espoirs mis en lui, et pour l’avoir vu à l’œuvre ces dernières années, gageons qu’il sait où il va, qu’il saura s’entourer et gérer au mieux les affaires de la Région. Les coups bas et tordus vont pleuvoir, la réussite, surtout à ce niveau-là, suscitant forcément des jalousies mal placées, et pour Didier Robert, le plus dur est à venir. Mais quand on fait de la politique, on sait à quoi s’attendre, Didier Robert paraît bien armé. Il a tué le mythe, une nouvelle ère commence…
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Didier m’a tué…Par Aziz Patel - Publié le Lundi 5 Avril 2010 à 19:20
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