- Comment se porte le tourisme à Madagascar?
2013 a été une mauvaise année, nous avons accueilli 220 000 touristes, soit 20% de moins qu’en 2012. Et concernant La Réunion, la baisse était plus importante (-30%). Il y a la crise internationale qui touche beaucoup de pays, dont la France qui nous apporte notre plus grande clientèle, et il y a eu la crise nationale malgache qui a créé un climat d’instabilité et d’insécurité, amplifié par les médias. Madagascar n’est pas un pays super dangereux, mais au moindre problème, c’est trop médiatisé.
- Oui, mais quand même le fait divers qui a eu lieu à Nosy Be était bien réel?
Le gouvernement a demandé les résultats de l’enquête et qui seront communiqués. Ce fait divers est horrible et inacceptable certes, il était aussi la résultante d’un ras-le-bol à tous les niveaux. Les Malgaches ne sont pas violents, mais il est vrai que l’image a été faussée. Ca s’est calmé, et ceux qui connaissent l’île continuent à y revenir, et Nosy Be a été classée 8ème plus belle île du monde (voir encadré). Air Austral assure trois vols par semaine à partir de La Réunion.
- Dans l’économie malgache, où se situe le tourisme?
A l’époque où on accueillait 400 000 touristes par an, en 2008, le tourisme était le secteur n°1, suivi par la crevette et le textile. Aujourd’hui, le tourisme est le troisième secteur économique de la Grande Ile, représentant 15% du PIB (produit intérieur brut). Paradoxalement, malgré la baisse du nombre de visiteurs, le chiffre d’affaires est en hausse. Le marché de niche du luxe a dopé le secteur. Madagascar compte 20 000 hôtels, plusieurs nouveaux hôtels ont ouvert en 2013, certains ont subi rénovation ou extension, les professionnels y croient.
- Quels sont les atouts de Madagascar?
L’accueil, le sourire, les paysages, la diversité, les plages, l’éco-tourisme, l’authenticité… Tourisme sportif, balnéaire ou d’affaires se conjuguent sur tout le territoire, avec un atout complémentaire, la langue française. Je dis souvent: on est les plus riches mais on est les plus pauvres. Nos moyens sont hélas limités, le budget annuel de l’ONTM n’est que de 300 000 euros…
- Qu’allez-vous faire pour faire revenir les touristes?
Le nouveau président est très axé tourisme, d’ailleurs il est venu à une réunion de l’ONTM, et il nous a promis de nouveaux moyens. Le retour de l’ordre constitutionnel sera un gage de stabilité. Nous allons renforcer notre communication de plusieurs façons: présence plus importante dans les salons, organisation de jeux-concours par le biais de grandes surfaces, captation de la clientèle de pays proches, invitation de la presse internationale,…
- Air Madagascar a aussi connu des désagréments qui ne favorisent pas les voyages…
Je reconnais, Air Mad a une mauvaise image, la flotte doit être revue, des aménagements sont à faire. Mais Air Mad va se restructurer. Il y a quelques jours, l’ONTM et la compagnie aérienne nationale ont signé une convention, Air Mad s’est engagé à mettre des billets long courier à notre disposition pour favoriser des éductours et travailler ensemble à la promotion de Madagascar. Et Hugues Ratsiferana, le directeur général de la compagnie, a expliqué son business plan pour la relance de son entreprise. Déjà, en 2014, deux nouveaux Boeing 737-800 remplaceront les 737-300 vieillissants. Nous devons être fiers de notre compagnie nationale, mais en même temps, l’ONTM est favorable à un open sky. Il faut ouvrir l’espace aérien à ceux qui veulent venir, et l’aéroport d’Ivato (à Tana) doit être mis au normes afin de pouvoir accueillir plus de touristes et de nouvaux avions, dont l’A380.
- Votre avis sur les Iles Vanille…
Honnêtement, au début on n’y a pas cru, mais nous pensons aujourd’hui que ça ne peut amener que du bien à toutes les îles, et en particulier à Madagascar bien entendu. Grâce aux Iles Vanille, nous pouvons être présents dans un stand commun sur les salons internationaux, et nous espérons capter de nouveaux marchés. Il s’agit de diversifier nos packages afin de proposer le meilleur. On travaillera beaucoup avec La Réunion. Notre objectif est affiché: retrouver nos 400 000 touristes d’ici 18 mois.
A.P.