"On peut montrer à tous les pays de quoi est capable la formation française" (Photo: © Alexandre Robert)
La pratique du MMA sous la forme de loisir existe et est tolérée en France, mais aucune compétition légale n'est autorisée sur le territoire et aucun formateur agréé ne peut être formé. Thierry Braillard, l'ancien secrétaire d'État aux Sports de François Hollande, avait même pris un arrêté en octobre 2016 interdisant clairement toute compétition sur le sol français, faisant de la France le dernier grand pays à interdire le MMA sur son sol. Une incompréhension alors que selon les chiffres de la Commission française du MMA, on compte dans le pays environ 240 clubs de MMA encadrants entre 30 000 et 50 000 pratiquants.
Mais un premier pas vers la légalisation du MMA en France est intervenu le 24 juin dernier. La ministre des Sports Roxana Maracineanu a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) auprès de plusieurs fédérations de sports de combat. Quelques fédérations sont déjà sur le qui-vive pour prendre en charge la compétence du MMA: la Fédération française de kick boxing, muay thaï et disciplines associées (FFKMDA), la Fédération française de judo et de jiu-jitsu, la Fédération française de lutte, la Fédération de karaté, et la dernière, la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).
Les fédérations qui souhaitent être référentes du MMA en France devront remettre leurs dossiers d’ici le 27 septembre, ces derniers seront étudiés par un jury chargé de donner un avis à la ministre.
Légende de la discipline en France, Gaël Grimaud attend cette légalisation avec impatience. Originaire du Chaudron, Gaël a commencé le judo à l’âge de 7 ans, sport qu’il a pratiqué pendant près de 20 ans. Parti en Sports Études à Orléans à l’âge de 17 ans, Gaël découvrira un peu plus tard le jiu-jitsu. En 2007, il livre son premier combat de MMA et a remporté à ce jour 20 victoires sur 25 combats. Il sera même couronné champion du monde de la discipline à trois reprises. En 2018, le champion a effectué un tour du monde avec sa petite famille . "J'ai senti le besoin de m'enrichir et d'aller chercher des informations de ce qui se fait dans le monde au niveau sportif et humain pour pouvoir m'installer quelque part et puis le diffuser", explique Gaël. Il répond à nos questions :
1) Comment accueillez-vous cette légalisation à venir du MMA en France ?
Cela fait un petit moment qu'on l'attendait. Lorsque l'arrêté interdisant officiellement toute compétition de MMA en France est paru en 2016, j'ai même déposé un recours avec des avocats pour contrer cette loi . Soit on parle et on en fait un débat politique autour de ça, soit on agit. Moi j'ai décidé d'agir à ce moment là.
2) D'où vient cette crainte du MMA en France ?
Le MMA connaît ce qu'a connu le karaté ou le muay thai à l'époque. À chaque fois il y a une discipline qui interpelle parce que c'est dans l'air du temps. Il est vrai que le MMA dans le monde entier, et en particulier aux États-Unis, a été présenté comme un sport business, à mille lieux de la vision française qui prône un sport dit "éducatif". Une étude très complète vient de paraître sur l'état des lieux du MMA dans le pays, avec le nombre de pratiquants, de clubs, mais aussi sur sa légitimité. Aujourd'hui les choses sont en train de changer en France et les décideurs commencent à comprendre que le MMA est un formidable outil d'éducation et de développement personnel.
3) Comment faisaient les pratiquants de MMA français pour vivre leur passion ?
Comme la plupart des gens, j'ai découvert le MMA grâce à internet. En allant prendre des informations ici et là, je me suis dit que je pouvais le pratiquer en France. Je me suis mis au niveau et je suis parti chercher des combats à l'étranger.
Le monde entier pratique le MMA et les organisateurs suivent de près ce qui se passe en France. Les combattants français ont une situation assez particulière: on peut sortir en France des athlètes de très bon niveau mais comme le sport n'existe pas, nous sommes très rentables pour les promoteurs étrangers.
4) Regrettez-vous de voir la légalisation prochaine du MMA en France et d'avoir arrêté votre carrière avant ?
Aucun regret. Pourquoi ? Parce que le MMA, outre l'aspect financier, m'a apporté beaucoup de choses. Cette discipline m'a permis de faire un tour du monde et de visiter différentes salles de judo, de jiu-jitsu brésilien, de muay thai...Rien que pour ça je ne regrette pas ma carrière. Je pense que si j'avais eu une carrière comme celle de Conor McGregor, l'homme que je suis aujourd'hui ne serait pas plus riche intérieurement. C'est un excellent combattant mais il a une exposition médiatique surdimensionnée et joue beaucoup sur son côté flambeur.
5) Est-ce que les tournois à l'étranger étaient bien dotés financièrement ? Ces gains permettaient-ils de bien gagner sa vie ?
Moi je touchais entre 5 000 et 10 000 euros par combat. Mais il faut savoir qu'un combat a lieu tous les deux, voire tous les six mois. Avec toute la préparation qu'il y a derrière, ce n'est pas très intéressant financièrement, d'autant qu'il n'y avait pas de public en France pour nous suivre. Pour bien gagner ma vie et financer ma carrière, j'ai démarré une activité de coaching en boxe et en MMA. Je l'ai fait pendant 12 ans et cela m'a permis de réfléchir sur des concepts intéressants, notamment sur le sport dit conscient et la lutte contre l'obésité ou le stress. Sur ce point, avec le MMA, il existe pas mal d'outils intéressants pour le grand public.
6) Que diriez-vous à des parents inquiets que leur fils ou fille veuille se lancer dans cette discipline ?
On a diabolisé le MMA à l'origine. Il faut bien comprendre le contexte: les fédérations historiques de sport de combat qui travaillent sur l'éducation et le développement de leur sport auprès des jeunes n'avaient pas intérêt qu'un sport comme le MMA entre dans le paysage sportif français. C'est un sport d'actualité, moderne et qui a une exposition médiatique très intéressante. Ces fédérations ont fait beaucoup de lobbying pour contrer l'évolution du MMA en France, car elles estiment qu'elles ont beaucoup à perdre. Or, il existe différents types de MMA: celui de haut niveau que l'on peut voir à la télévision ou sur internet, mais aussi le MMA amateur, où l'on apprend des disciplines et des techniques de toutes sortes. Comme tout type d'art martial, le MMA possède des valeurs. Il y a des outils pédagogiques intéressants pour un développement personnel. Les personnes qui essaient de se développer par la violence ou par des valeurs qui ne sont pas saines n'arrivent pas très loin de toute manière.
7) Qu'est-ce qui explique le succès du MMA ?
J'aime bien comparer le MMA à un smartphone. C'est hermétique, on peut avoir beaucoup d'options et des applications à l'infini. Pour le MMA c'est pareil. Dans une seule discipline on peut pratiquer plusieurs sports de combat: du judo, du jiu-jitsu ou du muay thai…C'est ce qui attire le public je pense: on a envie de tout essayer et rapidement. Le MMA peut être une porte d'entrée dans les arts martiaux pour une personne qui choisira ensuite sa discipline de prédilection. J'ai débuté par le judo et j'ai pu comprendre ses avantages et ses inconvénients grâce au MMA.
8) Quelles fédérations seraient les plus aptes à intégrer le MMA ?
Toutes les fédérations qui se présentent sont légitimes au MMA. À commencer par la FFKMDA (Fédération française de kick-boxing, muay thai et disciplines associées, ndlr) qui pratique du pieds-poings, avec un volet intéressant sur le pancrace. Elle a prouvé par le passé qu'elle savait organiser des évènements ressemblant de près ou de loin au MMA.
La fédération du judo s'est également positionnée sur le MMA. Cette discipline, en termes de progression pédagogique sur le sport de jeunesse et de loisirs, a fait ses preuves depuis plusieurs années. Le seul bémol avec le judo, c'est que le président de la fédération a beaucoup critiqué le MMA par le passé et aujourd'hui retourne un peu sa veste par rapport à ça. Mais c'est un peu logique.
Il y a aussi la Commission nationale du MMA (CN MMA) qui travaille depuis 10 ans pour devenir une fédération officielle et faire du MMA une discipline légitime. L'équipe derrière le CN MMA a pour avantage d'être très bien installée au niveau des organisations internationales et a une expérience sur l'organisation du MMA à l'échelle mondiale.
La fédération de lutte est aussi intéressée pour intégrer le MMA en son sein. C'est un sport olympique avec une très bonne fédération en France. L'intérêt de la lutte c'est qu'il y a une structure déjà installée mais souffre en revanche d'un déficit d'image. Le MMA ferait du bien à une fédération qui est noble.
Vous dire maintenant quelle serait la fédération la plus légitime serait compliqué pour moi car j'ai travaillé avec quasiment toutes les fédérations pré-citées. Après, je pense qu'il serait plus logique de créer une fédération qui pourrait rassembler toutes les compétences des autres fédérations.
9) Quelle est la suite pour vous ? Pensez-vous pouvoir vivre de votre passion ici à La Réunion ? Souvent, à leur retour dans l'île, nombreux sont les sportifs à regretter un certain manque de reconnaissance de la part des ligues mais aussi des institutions…
Cette remarque est très intéressante. Je suis en train de me battre pour continuer ce que j'ai toujours fait. J'ai rencontré plusieurs sportifs réunionnais qui ont connu le très-haut niveau, qui ont fait des choses au niveau olympique ou international, et qui à leur retour à La Réunion sont obligés de faire autre chose. Cela est dû aux structures existantes ne leur proposant malheureusement pas une reconversion dans leur sport. Je vais garder en tête ce que je veux faire sans partir vers autre chose et surtout mobiliser ces athlètes pour créer une synergie et éviter que cela ne se reproduise plus. Il faut que les jeunes partent l'esprit tranquille en métropole ou à l'étranger et revenir donner l'expérience et la richesse qu'ils ont reçues.
Grâce au tour du monde que j'ai récemment réalisé, j'ai pu voir le MMA sous toutes ses formes. Je pense que la France a un rôle à jouer dans le MMA mondial parce que nous avons une façon particulière de faire du sport dans notre pays, avec une forte dimension éducative. On peut montrer à tous les pays de quoi est capable la formation française, qui est bien vue à l'international. De mon coté, je souhaite partager mon expérience du MMA à tous les niveaux. Nous travaillons actuellement avec ma femme à la création d'un club basé sur Saint-Denis pour janvier 2020, mettant en avant ce sport "conscient". Le but est de prendre le self defense du MMA pour travailler sous tous les aspects du sport, de l'équilibre sportif que ce soit mental ou physique. Ça va être notre cheval de bataille: apprendre, comprendre et transmettre.
Mais un premier pas vers la légalisation du MMA en France est intervenu le 24 juin dernier. La ministre des Sports Roxana Maracineanu a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) auprès de plusieurs fédérations de sports de combat. Quelques fédérations sont déjà sur le qui-vive pour prendre en charge la compétence du MMA: la Fédération française de kick boxing, muay thaï et disciplines associées (FFKMDA), la Fédération française de judo et de jiu-jitsu, la Fédération française de lutte, la Fédération de karaté, et la dernière, la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).
Les fédérations qui souhaitent être référentes du MMA en France devront remettre leurs dossiers d’ici le 27 septembre, ces derniers seront étudiés par un jury chargé de donner un avis à la ministre.
Légende de la discipline en France, Gaël Grimaud attend cette légalisation avec impatience. Originaire du Chaudron, Gaël a commencé le judo à l’âge de 7 ans, sport qu’il a pratiqué pendant près de 20 ans. Parti en Sports Études à Orléans à l’âge de 17 ans, Gaël découvrira un peu plus tard le jiu-jitsu. En 2007, il livre son premier combat de MMA et a remporté à ce jour 20 victoires sur 25 combats. Il sera même couronné champion du monde de la discipline à trois reprises. En 2018, le champion a effectué un tour du monde avec sa petite famille . "J'ai senti le besoin de m'enrichir et d'aller chercher des informations de ce qui se fait dans le monde au niveau sportif et humain pour pouvoir m'installer quelque part et puis le diffuser", explique Gaël. Il répond à nos questions :
1) Comment accueillez-vous cette légalisation à venir du MMA en France ?
Cela fait un petit moment qu'on l'attendait. Lorsque l'arrêté interdisant officiellement toute compétition de MMA en France est paru en 2016, j'ai même déposé un recours avec des avocats pour contrer cette loi . Soit on parle et on en fait un débat politique autour de ça, soit on agit. Moi j'ai décidé d'agir à ce moment là.
2) D'où vient cette crainte du MMA en France ?
Le MMA connaît ce qu'a connu le karaté ou le muay thai à l'époque. À chaque fois il y a une discipline qui interpelle parce que c'est dans l'air du temps. Il est vrai que le MMA dans le monde entier, et en particulier aux États-Unis, a été présenté comme un sport business, à mille lieux de la vision française qui prône un sport dit "éducatif". Une étude très complète vient de paraître sur l'état des lieux du MMA dans le pays, avec le nombre de pratiquants, de clubs, mais aussi sur sa légitimité. Aujourd'hui les choses sont en train de changer en France et les décideurs commencent à comprendre que le MMA est un formidable outil d'éducation et de développement personnel.
3) Comment faisaient les pratiquants de MMA français pour vivre leur passion ?
Comme la plupart des gens, j'ai découvert le MMA grâce à internet. En allant prendre des informations ici et là, je me suis dit que je pouvais le pratiquer en France. Je me suis mis au niveau et je suis parti chercher des combats à l'étranger.
Le monde entier pratique le MMA et les organisateurs suivent de près ce qui se passe en France. Les combattants français ont une situation assez particulière: on peut sortir en France des athlètes de très bon niveau mais comme le sport n'existe pas, nous sommes très rentables pour les promoteurs étrangers.
4) Regrettez-vous de voir la légalisation prochaine du MMA en France et d'avoir arrêté votre carrière avant ?
Aucun regret. Pourquoi ? Parce que le MMA, outre l'aspect financier, m'a apporté beaucoup de choses. Cette discipline m'a permis de faire un tour du monde et de visiter différentes salles de judo, de jiu-jitsu brésilien, de muay thai...Rien que pour ça je ne regrette pas ma carrière. Je pense que si j'avais eu une carrière comme celle de Conor McGregor, l'homme que je suis aujourd'hui ne serait pas plus riche intérieurement. C'est un excellent combattant mais il a une exposition médiatique surdimensionnée et joue beaucoup sur son côté flambeur.
5) Est-ce que les tournois à l'étranger étaient bien dotés financièrement ? Ces gains permettaient-ils de bien gagner sa vie ?
Moi je touchais entre 5 000 et 10 000 euros par combat. Mais il faut savoir qu'un combat a lieu tous les deux, voire tous les six mois. Avec toute la préparation qu'il y a derrière, ce n'est pas très intéressant financièrement, d'autant qu'il n'y avait pas de public en France pour nous suivre. Pour bien gagner ma vie et financer ma carrière, j'ai démarré une activité de coaching en boxe et en MMA. Je l'ai fait pendant 12 ans et cela m'a permis de réfléchir sur des concepts intéressants, notamment sur le sport dit conscient et la lutte contre l'obésité ou le stress. Sur ce point, avec le MMA, il existe pas mal d'outils intéressants pour le grand public.
6) Que diriez-vous à des parents inquiets que leur fils ou fille veuille se lancer dans cette discipline ?
On a diabolisé le MMA à l'origine. Il faut bien comprendre le contexte: les fédérations historiques de sport de combat qui travaillent sur l'éducation et le développement de leur sport auprès des jeunes n'avaient pas intérêt qu'un sport comme le MMA entre dans le paysage sportif français. C'est un sport d'actualité, moderne et qui a une exposition médiatique très intéressante. Ces fédérations ont fait beaucoup de lobbying pour contrer l'évolution du MMA en France, car elles estiment qu'elles ont beaucoup à perdre. Or, il existe différents types de MMA: celui de haut niveau que l'on peut voir à la télévision ou sur internet, mais aussi le MMA amateur, où l'on apprend des disciplines et des techniques de toutes sortes. Comme tout type d'art martial, le MMA possède des valeurs. Il y a des outils pédagogiques intéressants pour un développement personnel. Les personnes qui essaient de se développer par la violence ou par des valeurs qui ne sont pas saines n'arrivent pas très loin de toute manière.
7) Qu'est-ce qui explique le succès du MMA ?
J'aime bien comparer le MMA à un smartphone. C'est hermétique, on peut avoir beaucoup d'options et des applications à l'infini. Pour le MMA c'est pareil. Dans une seule discipline on peut pratiquer plusieurs sports de combat: du judo, du jiu-jitsu ou du muay thai…C'est ce qui attire le public je pense: on a envie de tout essayer et rapidement. Le MMA peut être une porte d'entrée dans les arts martiaux pour une personne qui choisira ensuite sa discipline de prédilection. J'ai débuté par le judo et j'ai pu comprendre ses avantages et ses inconvénients grâce au MMA.
8) Quelles fédérations seraient les plus aptes à intégrer le MMA ?
Toutes les fédérations qui se présentent sont légitimes au MMA. À commencer par la FFKMDA (Fédération française de kick-boxing, muay thai et disciplines associées, ndlr) qui pratique du pieds-poings, avec un volet intéressant sur le pancrace. Elle a prouvé par le passé qu'elle savait organiser des évènements ressemblant de près ou de loin au MMA.
La fédération du judo s'est également positionnée sur le MMA. Cette discipline, en termes de progression pédagogique sur le sport de jeunesse et de loisirs, a fait ses preuves depuis plusieurs années. Le seul bémol avec le judo, c'est que le président de la fédération a beaucoup critiqué le MMA par le passé et aujourd'hui retourne un peu sa veste par rapport à ça. Mais c'est un peu logique.
Il y a aussi la Commission nationale du MMA (CN MMA) qui travaille depuis 10 ans pour devenir une fédération officielle et faire du MMA une discipline légitime. L'équipe derrière le CN MMA a pour avantage d'être très bien installée au niveau des organisations internationales et a une expérience sur l'organisation du MMA à l'échelle mondiale.
La fédération de lutte est aussi intéressée pour intégrer le MMA en son sein. C'est un sport olympique avec une très bonne fédération en France. L'intérêt de la lutte c'est qu'il y a une structure déjà installée mais souffre en revanche d'un déficit d'image. Le MMA ferait du bien à une fédération qui est noble.
Vous dire maintenant quelle serait la fédération la plus légitime serait compliqué pour moi car j'ai travaillé avec quasiment toutes les fédérations pré-citées. Après, je pense qu'il serait plus logique de créer une fédération qui pourrait rassembler toutes les compétences des autres fédérations.
9) Quelle est la suite pour vous ? Pensez-vous pouvoir vivre de votre passion ici à La Réunion ? Souvent, à leur retour dans l'île, nombreux sont les sportifs à regretter un certain manque de reconnaissance de la part des ligues mais aussi des institutions…
Cette remarque est très intéressante. Je suis en train de me battre pour continuer ce que j'ai toujours fait. J'ai rencontré plusieurs sportifs réunionnais qui ont connu le très-haut niveau, qui ont fait des choses au niveau olympique ou international, et qui à leur retour à La Réunion sont obligés de faire autre chose. Cela est dû aux structures existantes ne leur proposant malheureusement pas une reconversion dans leur sport. Je vais garder en tête ce que je veux faire sans partir vers autre chose et surtout mobiliser ces athlètes pour créer une synergie et éviter que cela ne se reproduise plus. Il faut que les jeunes partent l'esprit tranquille en métropole ou à l'étranger et revenir donner l'expérience et la richesse qu'ils ont reçues.
Grâce au tour du monde que j'ai récemment réalisé, j'ai pu voir le MMA sous toutes ses formes. Je pense que la France a un rôle à jouer dans le MMA mondial parce que nous avons une façon particulière de faire du sport dans notre pays, avec une forte dimension éducative. On peut montrer à tous les pays de quoi est capable la formation française, qui est bien vue à l'international. De mon coté, je souhaite partager mon expérience du MMA à tous les niveaux. Nous travaillons actuellement avec ma femme à la création d'un club basé sur Saint-Denis pour janvier 2020, mettant en avant ce sport "conscient". Le but est de prendre le self defense du MMA pour travailler sous tous les aspects du sport, de l'équilibre sportif que ce soit mental ou physique. Ça va être notre cheval de bataille: apprendre, comprendre et transmettre.